L’Histoire de la marine française, mais aussi mondiale, a été marquée par ces trois bateaux : L’Hermione, L’Intrépide et La Méduse. Si ces deux derniers ont laissé des vestiges moins importants dans l’Histoire, L’Hermione, aussi appelée « La frégate de la liberté », a quant à elle eu droit à une réplique qui a repris du service depuis 2015. Retour sur ces bateaux qui ont brillé aussi bien par leur histoire que par les personnages historiques qui les ont manœuvrés.

La Corderie Royale de Rochefort est le centre historique du cordage qui fabriquait les cordages pour les bateaux à voile de la marine de guerre.

La Méduse : la frégate de la honte

La frégate La Méduse est connue pour son histoire peu glorieuse mais surtout parce qu’elle a inspiré le troisième art, la peinture.

Le saviez-vous ? La Méduse entretient un lien fort avec la ville de Rochefort. D’abord parce que le bateau est parti depuis le port de Rochefort en 1816, après y être resté pendant les Cent-Jours de Napoléon. Ensuite parce que le procès concernant son naufrage s’y est déroulé.

Ses débuts

La frégate La Méduse a été construite au début des années 1800 dans l’actuelle Loire-Atlantique. Elle a pris la mer le 28 décembre 1810 sous le commandement de Joseph François Raoul pour conduire le gouverneur des Indes néerlandaises et ses états-majors à Batavia (l’actuel Jakarta). Ce fut une réussite. En 1816, la France reprend la colonie du Sénégal aux mains des Britanniques et décide ainsi d’administrer ce territoire en envoyant des colons. Le 17 juin, le navire quitte donc l’île d’Aix pour rallier Saint-Louis, sous le commandement du capitaine Hugues Duroy de Chaumareys qui n’avait plus navigué depuis 25 ans. A son bord, se trouvaient aussi le nouveau gouverneur de la colonie du Sénégal, le colonel Schmaltz et sa femme, et des explorateurs, René Caillé ainsi que Gaspard Théodore Mollien. La Méduse est alors accompagnée de la corvette L’Écho, la flûte La Loire et le brick L’Argus.

Le naufrage

Le 02 juillet 1816 vers 15 heures, le navire s’échoue sur le banc de sable d’Arguin. En effet, contre l’avis de ses officiers et voulant aller au plus court, Chaumareys se trompe d’estimation et ne réussit pas à éviter le banc d’Aguin pourtant connu de tout navigateur. Le navire rase les hauts-fonds et s’échouera à 60 kilomètres des côtes.

Toutes les tentatives de renflouement du navire sont vaines, tous les passagers du bateau se ruent sur les canots qui n’ont pu prendre que les officiers et une partie des marins. Un radeau de fortune de 20 mètres de long a été construit pour les 151 hommes restants. Tracté au début par les chaloupes, il fut abandonné car il faisait chavirer la chaloupe déjà surchargée.

Condamnés, les marins restants passèrent près de 13 jours dans la violence (bagarres, mutineries, tentatives de sabordages…) en pleine mer. Quinze personnes furent sauvées par L’Argus.

Et après ?

Les récits autour du naufrage et l’incompétence des officiers ont choqué l’opinion publique, ce qui conduit ces derniers devant la justice. Le commandant Chaumareys et les officiers sont passés en cours martiale le 24 février 1817. Le commandant a été condamné à 3 ans de prison, à être rayé de la marine et à ne plus pouvoir servir.

Ce récit a inspiré l’un des tableaux les plus connus du courant romantique : Le Radeau de La Méduse du peintre Théodore Géricault et une réplique du radeau a été construit pour les besoins du film intitulé : La Machine : La véritable histoire du radeau de la Méduse en 2014. Elle est toujours visible au Musée de la Marine à Rochefort.

L’Intrépide : l’éternel

Sa construction a commencé en 1689 par Blaise Geslain à Rochefort et il a été mis en service le 16 mai 1690. C’est un navire armé de 84 canons répartis en 26 canons de 8 livres sur le pont inférieur, intermédiaire et supérieur. Quant au bastingage et au gaillard, ils se composaient de 4 canons de 4 livres.

L’Intrépide a eu une glorieuse carrière de 34 ans pendant laquelle il aura participé à différentes guerres. Le 24 août 1704, il participa à la bataille de Vélez-Malaga qui est l’une des batailles navales la plus importante de la guerre de Succession en Espagne et lors de laquelle le roi de France est venu en appui au roi d’Espagne Philippe V. Du 29 juillet au 21 août 1707, le bateau L’Intrépide participa à la Bataille du siège de Toulon.

Malheureusement, en raison des dommages considérables subis, il a été placé en cale sèche en 1721 puis complètement détruit en 1724.

Le saviez-vous ? Plusieurs bateaux ont portés le nom L’Intrépide au cours de l’histoire de la marine française et l’un deux, le HMS Intrepid, a servi dans la Royal Navy. Il a été quant à lui construit à Toulon et a participé aux différentes guerres comme la guerre de succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans.

L’Hermione : La frégate de la liberté

Parmi les navires construits dans l’arsenal de Rochefort, vous avez sans doute déjà entendu parler de L’Hermione. Une renommée due à la réplique de ce dernier qui a rallié les Etats-Unis en 2015.

« Petite-fille de l’océan » dans la mythologie grecque, L’Hermione a été construite en 1779 dans l’Arsenal de Rochefort. Elle fait partie des frégates de la classe Concorde, composée de frégates dessinées par Henri Chevillard pour la marine royale.

Pourquoi le surnom de « Frégate de la Liberté » ?

Le 23 janvier 1780, L’Hermione quitte le port-aux-barques pour rejoindre l’Amérique, sous le commandement de Latouche-Tréville et avec à son bord le marquis de Lafayette. Au port de Boston, la mission de Lafayette est d’annoncer au Général Washington l’envoi immédiat des renforts français pendant la guerre contre les Britanniques. En septembre 1781, L’Hermione gagne la bataille de la baie de Chesapeake et le 2 février 1782, elle quitte les côtes américaines et rentre en France.

Le naufrage

En 1793, L’Hermione reprend du service dans la bataille contre son adversaire de toujours : l’Angleterre. Après des jours passés dans l’estuaire de la Loire pour renforcer la force de frappe des Républicains contre les Vendéens, le bateau, commandé par un équipage peu expérimenté, s’échoue sur les rochers du Croisic, sur le plateau du Four.

Et aujourd’hui ?

En 2005, des fouilles archéologiques ont permis de récupérer quelques vestiges du navire. En 2014, une nouvelle réplique de L’Hermione voit le jour à côté de La Corderie Royale, dans l’arsenal de Rochefort. Elle a visité les villes comme Brest, La Rochelle, et Bordeaux. Le 18 avril 2015, la frégate reprend la mer pour rejoindre cette fois-ci les côtes américaines. Et en 2018, entre le 30 janvier et 17 juin le navire a repris le large pour un nouveau voyage en mer Méditerranée en passant par Tanger, Sète, Toulon, Marseille, Port-Vendres, Nice, Bastia, Portimao, Pasaia et Bordeaux.

En somme, ces navires ont marqué l’Histoire de la Marine française. Et avec les répliques notamment du radeau de la Méduse et de L’Hermione, ils ne cessent de toujours nous fasciner.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le bateau L’Hermione, nous vous proposons cet article lui étant entièrement dédié.